La transition écologique et sociale en acte au cœur de la « silicon valley » française

Le 26 septembre, les représentants de l’Etat, des collectivités, des grandes entreprises, des réseaux associatifs ont répondu présents à l’inauguration de la Maison Cocagne en plein cœur du plateau de Saclay, pôle scientifique et technologique mondial. Un lieu associatif qui rassemble l’énergie d’une centaine de jardin bio d’insertion en France, un lieu engagé qui interpelle l’excellence française réunie sur ce territoire sur la place des précaires dans la transition écologique et sociale de notre pays.

La Maison Cocagne, un lieu qui porte la question sociale dans l’économie du XXIème siècle

La Maison Cocagne, issue du réseau national d’insertion par l’activité économique éponyme, est un site patrimonial classé dont la rénovation, engagée en 2009, s’achève aujourd’hui. Ancienne ferme de l’Abbaye du Limon à Vauhallan, le site a repris sa fonction agricole depuis 2012 déjà, avec la création du Jardin bio d’insertion du Limon. C’est au tour, maintenant du siège de la tête de réseau nationale, qui rassemble 110 jardins, 5000 personnes précaires accompagnées par an, d’y déménager pour rendre visibles les innovations solidaires mises en œuvre sur les territoires.

« Je fonde comme espérance que ce site soit un lieu accueillant, au sens partagé, nous avons besoin de cela. Un lieu havre, où l’on vient se reposer, réinterroger ses pratiques pour un monde plus juste, plus équitable, plus respectueux de la ressource. C’est ce que modestement, nous allons essayer de faire ici, avec les pieds crottés, c’est à dire avec cette pratique de traduire ça par l’action. » Telle est l’ambition annoncée par Dominique Hays, Président du Réseau Cocagne, au cœur d’un plateau de Saclay, réunissant les plus grands laboratoires publics et privé, 65000 étudiants, 15000 chercheurs, un lieu de définition de notre société de demain. En voisines bienveillantes, les co-initiatrices de ce projet, les sœurs bénédictines de l’Abbaye ont rappelé, par la voix de leur Mère supérieure , que ce qui se vivait sur ce lieu traduisait parfaitement les valeurs de l’Encyclique Laudato Si de 2015 : « Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » (§49).
Justement, ce projet social relève d’une « conjonction d’alliances publiques et privées », explique Jean-Marie Destrée, Délégué Général de la Fondation Caritas . Un mécénat questionné dans ses méthodes pour une ambition plus grande de développement des jardins de Cocagne : « Nous avons aimé travailler collectivement. Et nous soutenons ce projet qui veut libérer les talents. » précise Armand de Boissière, Secrétaire Général de la Fondation Bettencourt Schueller. François-Marie Geslin, membre du Comité de Direction Groupe AG2R LA MONDIALE, en charge de l’engagement sociétal a souligné la spécificité d’un partenariat « d’acteur socialement très engagés » au service d’un projet « qui répond à de véritables enjeux de société ». Marie-Astrid Raoult, Directrice de la Fondation Carrefour, qui soutient depuis 20 ans le Réseau Cocagne, s’est réjouie de la proximité du lieu avec le siège mondial du groupe à Massy et « souhaite accompagner le rayonnement local de ce lieu innovant, atypique et solidaire qu’est la Maison Cocagne ».

Un lieu qui incarne le besoin d’une action publique forte et déterminée pour l’inclusion et l’émancipation des plus précaires

L’inauguration de la Maison Cocagne s’inscrit dans un agenda public inédit. Après l’annonce, le 10 septembre, du Plan Ambition Inclusion par le Président de la République ; Jean-Marie Marx , Haut Commissaire aux compétences et à l’inclusion par l’emploi auprès du Ministère du Travail a rappelé ce jour que « nul n’est inemployable » et que « le projet Cocagne est essentiel, car il contribue à une société plus inclusive, plus durable. Il participe à un devoir républicain qui est de donner toute sa chance à tout le monde ». Il a souligné la multifionctionnalité du projet Cocagne, d’offrir des parcours de vie et d’insertion à l’animation de territoires de développement durable par la bio notamment, en passant par une action de lutte contre la pauvreté avec les paniers solidaires. Ce plan Inclusion national devrait soutenir les besoins des ateliers et chantiers d’insertion, soutenir aussi les besoins de formations des personnels en insertion.

Christelle Dubos, Secrétaire d’État auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé, à la suite des annonces le 13 septembre par la Ministre Agnès Buzyn, a souligné le « message d’espoir » porté par le Réseau Cocagne avec l’ensemble des partenaires publics de l’insertion et du social autour d’une ambition d’accompagnement global contre l’approche en silo et « la tête dans le guidon ». En ce sens, le réseau Cocagne est une « pépite » du secteur social qu’il faut soutenir notamment avec le programme Paniers Solidaires abondé par le gouvernement pour que les personnes précaires participent à la transition écologique « parce qu’à tous nos concitoyens qui pensent que le retour à l’emploi, ce n’est pas fait pour eux, ou que l’écologie, ce n’est pas fait pour eux, nous voulons ouvrir un nouveau champ des possibles ». Elle a rappelé la proximité de son propre parcours de travailleuse sociale avec celui du Réseau Cocagne « la pauvreté n’est pas une fatalité. C’est un mot d’ordre que les travailleurs sociaux des Jardins de Cocagne incarnent parfaitement, en accompagnant jours après jours leurs salariés à retrouver, au-delà d’un travail, leur dignité, leur confiance en eux et leur place dans la société. ».

Un lieu enfin pour concrétiser un territoire « d’excellence » plus solidaire

Car l’objectif de ce site à dimension nationale est bien de s’inscrire pleinement dans ce territoire emblématique des enjeux d’aujourd’hui. « Le plateau de Saclay bénéficie d’une chance « insolente » en termes de richesses, de connaissance, d’emplois (…) Pourtant, il y a aussi d’immenses poches de pauvreté, quelques villes avec près de 20% de chômage notamment chez les jeunes (…) sans compter ceux qui ne franchissent plus la porte des institutions » précise Dominique Fontenaille , Maire de Villebon-sur-Yvette, en charge de l’emploi et de l’insertion au sein de la Communauté d’agglomération du Plateau de Saclay. « En ce sens, vous êtes un des acteurs majeurs de l’insertion par l’emploi, 126 personnes sont déjà passés par le jardin de cocagne… avec le respect de la terre et de la nature ».
Caroline Doucerain, Présidente de Terre et Cité fait un pari « le Plateau de Saclay est un territoire d’une particulière richesse puisque fort de ses potentiels urbains et ruraux à la fois, il peut sans doute encore réussir le mariage complexe entre ville et campagne et proposer ici un cadre plus inspirant et résilient que nombre de banlieues périurbaines qui sont apparues ces dernières années dans notre pays. ». Un diagnostic de développement local maîtrisé qu’explicite Jean-Francis Rimbert du point de vue des missions du Jardin de Cocagne de Limon.

Enfin, le projet de la Maison Cocagne, projet d’économie sociale et solidaire, a obtenu un soutien, tout à fait inédit en France pour une structure de l’insertion par l’activité économique, du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) au double titre de l’ESS et de l’action Formation Professionnelle en alternance. Plus largement, comme projet d’économie sociale et solidaire, Laurence Dehan, Directrice régionale adjointe Ile-de-France de la Banque des territoires considère que « La Maison Cocagne porte des valeurs de développement durable et de lien social qui nous ont particulièrement intéressés. C’est un projet au service d’un changement de société qui préserve tous les enjeux de demain ».