Dans un récent rapport adopté en juin 2024 : Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique, le CESE a objectivé la question de la fragilité du secteur associatif et ses conséquences sur notre démocratie. Depuis 20 ans, la part des subventions diminue (au total 41 % de baisse de 2005 à 2020) et le rapport entre financements publics et privés s’est inversé (avant 45 % de privé vs 55 % de public, aujourd’hui c’est l’inverse). On assiste là à un point de bascule des logiques managériales de mise en concurrence des associations via notamment les appels à projets ou appels d’offres, les logiques évaluatives purement quantitatives, les injonctions à la neutralité politique, pacte républicain… Dès lors, comment maintenir le projet associatif dans son intention initiale ? Toqueville rappelait que l’organisation associative des citoyen-n-e-s est une condition préalable au fonctionnement d’un État démocratique et souverain.
Les Jardins de Cocagne sont des associations qui se revendiquent comme des « faiseurs » s’éloignant parfois de missions de plaidoyers incarnées par d’autres associations. Pourtant, avec les baisses des budgets de l’IAE, notamment pour les structures associatives jugées ou invitées « à se professionnaliser », l’accroissement de la précarité et des logiques de contrôle sur des publics toujours plus soupçonnés, les tensions discriminatoires sur une partie du public accueilli dans les Jardins, l’inversion des priorités sociales et environnementales dans les orientations publiques, cette position est-elle longtemps encore tenable ?
Le débat de l’AG du Réseau Cocagne sera l’occasion de prendre connaissance des constats, d’approfondir les problématiques posées à l’exercice réel du projet associatif aujourd’hui et de se positionner par rapport aux mobilisations inter-associatives en cours.
« Si la société tient, c’est grâce aux associations. On l’a vu avec l’appel des Restos du Cœur, ça tient parce qu’il y a des gens qui se rassemblent pour faire en sorte que les choses bougent ou tiennent. Et pour que ça aille bien, on a aussi besoin de nous : la culture, le sport, l’éducation populaire, les vacances… c’est aussi les associations. » l’enjeu ainsi posé par Claire Thoury, présidente du Mouvement Associatif, la question qui se pose ensuite est : comment on finance la non lucrativité ?
Car la situation est grave. « Il faut se rendre compte de tout ce qu’on apporte et à quel point on n’est pas bien traités. » s’insurge Claire Thoury. « Il faut arrêter d’être pris pour des paillassons. » renchérit Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif des Associations Citoyennes. Face aux associations qui ferment, aux menaces qui pèsent sur la liberté associative, l’heure est donc à la mobilisation et à la promotion de solutions :
Ainsi, le débat de l’Assemblée Générale du Réseau Cocagne était en parfaite cohérence avec les sujets de préoccupation des Jardins de Cocagne et, plus généralement, des Ateliers Chantiers d’Insertion (portés par des associations). « Nous devons reprendre la part qui nous revient dans la co-construction de la politique publique. » a conclu Dominique Hays, président du Réseau Cocagne. « La circulaire FIE* est un point d’orgue d’un glissement qui se fait (AAP, mise en concurrence…) que nous avons accepté ». « Nous avons une activité socle, elle réclame un financement socle. »
2025 sera donc une année combative pour défendre l’intérêt général et le Réseau Cocagne invite l’ensemble de ses adhérents, sympathisants et partenaires à prendre leur part dans cette mobilisation.
* La circulaire FIE (Fonds d’inclusion dans l’emploi) décline, chaque année, le pilotage par les services déconcentrés de l’Etat des dispositifs en faveur des personnes les plus éloignées du marché du travail : contrats aidés, Insertion par l’Activité Economique (IAE), entreprises adaptées, Groupements d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification (Geiq).
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